Un groupe de hard rockers mange des chips dans une Citroën AX à l’arrêt, radeau échoué au milieu d’un paysage de neige. Tout est calme, le temps s’est arrêté à cause d’une tête de delco défectueuse. Installés dans un état cotonneux, les dragons et un chien vont rencontrer leur Blanche-Neige et déployer pour elle un parc d’attraction minimal et multifonctions. Un projecteur, une machine à fumée, quelques perruques, Still loving you de Scorpions joué à la flûte à bec : le merveilleux peut naître de presque rien, à condition de se laisser embarquer dans un rêve commun. La mélancolie n’est pas seulement un spleen, elle peut aussi engendrer des images fécondes. Philippe Quesne travaille selon le principe du jeu de dominos : la dernière scène d’un spectacle donne la première scène du suivant, ouvrant un vaste champ de réflexion. Le début de La Mélancolie des dragons est né de la fin de L’Effet de Serge, pièce dans laquelle le personnage inventait de minuscules effets spéciaux dans son appartement. Le spectacle se nourrit de nombreuses références littéraires, musicales et picturales dont la gravure de Dürer, Melancolia : un corps songe et les projections de son esprit sont dispersées autour de lui. Comment s’organise la vie qui grouille autour de ce corps mélancolique ? La compagnie de Philippe Quesne s’appelle Vivarium studio. Depuis son premier spectacle, La Démangeaison des ailes, il plonge ses acteurs dans un milieu et les regarde évoluer à la manière d’un entomologiste.
Sophie Joubert
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