Les Liquid Room d’Ictus repensent le format du concert classique : plusieurs podiums, transitions abruptes, amplification et lumière soignées, ambiance de loft. Le spectateur reçoit un petit tabouret en carton avec lequel il est libre de circuler dans l’espace sonore, de choisir son angle d’écoute, d’aller et venir. Le concert est long, le bar est ouvert : c’est un festival en miniature. Ce format autorise une polyphonie des écoutes, de l’écoute « attentive » à l’écoute « immersive », en allers-retours.
Une allumette craque dans la nuit, amplifiée mille fois. Des lumières crépusculaires aident à réentendre le répertoire récent, Sciarrino, Pesson ou Bedrossian. Une installation d’Alvin Lucier — une corde de guitare aux dimensions d’un cable de bateau — se superpose à l’exploration des résonances de tam-tam chez James Tenney. Ula Sickle et Yann Leguay travaillent la stroboscopie lumineuse et sonore. Sound & Vision : en près de trois heures, ce multi-concert fera le point sur les intersections entre musique et performance visuelle. C’est assurément la préoccupation de toute une jeune génération, pour qui le musical — le geste musical — circule désormais entre l’oeil et l’oreille.
La question centrale y sera la présence du corps musicien et les nouvelles alliances qui s’inventent entre celui-ci et les machines. Le séquençage de la lumière, par exemple, devient un paramètre comme un autre de la partition, pour des compositeurs nourris dès l’enfance à l’informatique domestique. D’autres poussent à bout l’ordinateur, la vidéo, la microphonie et introduisent le détournement et l’ironie dans un monde digital qui n’intimide plus personne. Ainsi se construit à tâtons un rapport non-servile à la machine, où le musicien recouvre ses droits et son aisance physique.
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PROGRAMME
Alvin Lucier
Music on a long thin wire, dispositif avec câble, 1977
James Tenney
Having Never Written A Note For Percussion, pour tam-tam amplifié, 1971
Alvin Lucier
Silver Street Car for the Orchestra, pour triangle, 1988
Juliana Hodkinson
Lightness, pour trois musiciens avec allumettes, papier de verre, sable et eau, 2015
Gérard Pesson
La lumière n’a pas de bras pour nous porter, pour piano amplifié, 2014
Ula Sickle & Yann Leguay
Light Solo 1, pour danseuse et installation lumière
Salvatore Sciarrino
Tre Notturne Brillante, pour alto, 1972
Kaj Duncan David
4c0st1ctr1g3r, pour boîte à rythme et lumière, 2015
Michael Schmid
Krachal, installation avec eau et micros sous-marins, 2016
Peter Ablinger
Voices and Piano (extraits), pour piano et voix enregistrées, 1988
Ula Sickle & Yann Leguay
Light Solo 2, pour danseuse et installation lumière
Alexander Schubert
Sensate Focus, pour ensemble, lumière et électronique, 2014
Franck Bedrossian
Digital, pour contrebasse, percussion et électronique, 2003
Gordon Monahan
Speaker Swinging, pour quatre musiciens et haut-parleurs, 1982
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