Sous leurs énormes masques en plastique grotesques et ensanglantés, et avec leurs voix déformées de dessin animé, les personnages de la Sonate des spectres sont des marionnettes méconnaissables, inhumaines et macabres. Avec les acteurs polonais de l’ensemble du Nowy Teatr (Varsovie), Markus Öhrn s’empare du texte controversé de Strindberg pour créer un conte de fées dur et sombre où se dévoile un univers de cauchemars et de visions monstrueuses, dans une atmosphère tragicomique. Dans une maison sinistre et mystérieuse, des fantômes de la société bourgeoise évoluent, figures caricaturales qui jouent avec notre perception sans pour autant présenter une critique rationnelle et identifiable du mode de vie bourgeois. L’intrigue, sciemment réduite à quelques gags, compte peu. Tout ici va au-delà des schémas traditionnels de compréhension, tout est désaccordé, cassé, à l’instar de la pièce en carton dans laquelle se déroule une partie de l’action, mais aussi à l’image des mouvements des acteurs qui rappellent de vieux films de Frankenstein. La peur s’enracine sur scène et une panique immanente et cachée est à l’origine de chaque geste, de chaque expression. Le tout célèbre avec un humour noir sa propre absurdité, devenant une gigantesque parodie presque philosophique, et illustre avec puissance l’inferno halluciné et paranoïaque de Strindberg. « Tout ici est terrible, comme la vie lorsque vous la regardez sans voile devant les yeux, et que vous voyez les choses telles qu’elles sont », déclarait le dramaturge à propos de sa Sonate des spectres.
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