Après le triptyque « Écrire en pays dominé » développé de 2017 à 2022 avec Nous sommes de ceux qui disent non à l’ombre, Et le cœur fume encore et 1983, Margaux Eskenazi lance à partir de janvier 2024 une nouvelle création qui s’appuie sur l’œuvre d’Imre Kertész.  

Le travail avec les 12 comédien.ne.s de la Belle Troupe en constitue le premier volet. Ce spectacle clôture les trois années de professionnalisation de La Belle Troupe des Amandiers.

« Ce spectacle se pense comme une grande fresque théâtrale adressée au temps présent. Loin d’un spectacle muséal, historique, ou « mémoriel », la recherche qui sera menée sera en permanence pour notre présent : la réflexion à mener sur le racisme, l’antisémitisme et le totalitarisme est aujourd’hui terriblement – et tristement – urgente.  L’œuvre de Kertész, dans sa diversité, son imprévisibilité, sa puissance, nous semble un matériau propice à mener ce travail au plateau. Tant grâce à la vivacité, la précision – et parfois la drôlerie – des situations, des dialogues et des descriptions contenus dans Être sans destin et dans Le Refus, que par l’ampleur, l’intimité et la profondeur émotionnelle de la langue poétique du Kaddish.   Ce spectacle comme les précédents se situera au carrefour de l’intime, du politique et du poétique pour penser notre présent. Cette part de l’Histoire est un enjeu majeur et sensible aujourd’hui. Nous devrons évidemment nous confronter à la question largement galvaudée du « devoir de mémoire » dont l’espace public est saturé, puis par extension à la question de l’antisémitisme contemporain. La mémoire de cette guerre a des ramifications contemporaines qui seront une partie de nos interrogations. En abordant cette question, nous serons extrêmement vigilant.e.s à situer notre point de vue : il faut dire d’où nous parlons pour dessiner les récits multiples, complexes et parfois contradictoires qui composent notre société. Et pour espérer esquisser collectivement un monde où les blessures mémorielles seraient cicatrisées. Comme Kertész, nous pensons plutôt à l’avenir qu’au passé. »

Margaux Eskenazi, octobre 2023