« Un rapport idiot au monde est-il possible aujourd’hui ? » se demande Vincent Macaigne. Six ans après la création, le comédien et metteur en scène a eu envie de reprendre en la recréant sa libre interprétation du roman de Dostoïevski. Idiot ! Parce que nous aurions dû nous aimer est un spectacle monstre, extrême, qui parle de démesure, d’espoir, de persévérance. Le Prince Mychkine, l’idiot, est naïf et bon et défend un idéal qui le conduira à sa perte. Le monde dans lequel il évolue pourrait ressembler au nôtre : une société aristocratique, violente et cynique, déboussolée par les changements idéologiques qu’elle ne comprend pas et qui utilise le divertissement pour éviter de se confronter au réel. Puisant dans le livre comme dans une matière désacralisée, Vincent Macaigne a écrit avec ses mots un texte nourri de la rage de Dostoïevski qu’il confronte à des images picturales et photographiques crues et noires de Rembrandt, Bacon ou Depardon. Dans le roman, les personnages crient, hurlent leur colère au lieu de parler. Dans le spectacle, les yeux et les oreilles des spectateurs sont saturés de sang et de musique pour mieux faire entendre le silence qui suit et faire émerger la beauté : « il doit bien y avoir un peu de poésie dans tout ce sordide » dit l’une des protagonistes. Pour Vincent Macaigne, le spectacle résonne aujourd’hui, dans un contexte de crise, comme un manifeste générationnel : comment la jeunesse d’aujourd’hui regarde-t-elle l’avenir ?
Sophie Joubert
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