Gulliver, spectacle tout public à partir de 8 ans, est la deuxième « pièce de chambre » de Karim Bel Kacem. C’est une écriture de plateau adaptée du texte de Jonathan Swift qui reprend le dispositif de BLASTED : un dispositif d’observation. Le spectateur, mis en position de voyeur, regarde à travers une lucarne et entend au casque des sons spatialisés. Observer sans être vu n’est-il pas avant tout un plaisir enfantin ?
Mais s’y ajoute un défi tout autre : celui de questionner la subjectivité du regard à partir des rapports d’échelle. Comment, à la manière du navigateur Lemuel Gulliver, appréhende-t-on une situation de guerre selon que l’on soit lilliputien parmi les géants ou géant chez les lilliputiens ?
La pièce commence le jour où Gulliver rentre chez lui et raconte son voyage : où est le mensonge, la folie, la démence ? Que produit un tel récit sur une structure familiale ?
En donnant corps à ses « allégations », Gulliver bascule très vite du huis clos au monde du rêve. C’est dans la confrontation entre le monde fini du huis clos et le monde infini du rêve que se situera cette expérience artistique. Mentir, n’est-ce pas déjà un peu rêver et rêver n’est-ce pas déjà un peu mentir ?
Sophie Joubert
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