Surexposés sur fond noir, des corps brillent au cœur d’une nuit, comme figés par le flash d’un appareil photo. Quinze personnes participent à une fête improvisée, sur fond de musique électronique et techno. Pour Crowd, Dennis Cooper et Gisèle Vienne composent ensemble une partition chorégraphique et théâtrale où les histoires se croisent et se superposent, une narration sans paroles audibles qui vient déployer le paysage complexe de cette fête. Une fête traversée de sentiments exaltés et contradictoires, où la violence se mêle à la jubilation, où la sensualité épouse la cruauté.
Là encore, le travail de Gisèle Vienne vient interroger le rapport trouble que nous entretenons avec nos fantasmes, posant la question complexe de la façon dont l’homme peut canaliser ses pulsions. Les mouvements stylisés, interprétés avec virtuosité sur un DJ set signé Peter Rehberg, provoquent des vibrations rythmiques, un sentiment d’hallucination, et créent une écriture chorégraphique et théâtrale singulière. Le spectateur se voit troublé, et lorsque les mouvements s’arrêtent, que les gestes sont heurtés, saccadés, interrompus de multiples manières, c’est le temps qui en vient à s’altérer et se distordre.
La réalité du spectacle vivant réinvente et réinterprète le champ des possibilités gestuelles qu’offrent les mouvements générés par le montage vidéo et les effets spéciaux. Le spectacle ouvre alors un espace exutoire, qui invite les spectateurs à traverser des zones complexes de leur intimité, le long d’une interrogation sur les rapports sourds entre fête et violence.
Les œuvres de Gisèle Vienne condensent des désirs antagonistes, dans une recherche radicale de la beauté, prise entre idéal de perfection et fantasmes de destruction. Chorégraphe et marionnettiste, metteuse en scène et plasticienne, elle élabore des visions dérangeantes qui s’abîment dans une fascination pour ce qui, dans la mort, brûle de vie. Formée à la musique, la philosophie et à l’École supérieure nationale des arts de la marionnette, elle peuple son œuvre protéiforme de figures anthropomorphe – marionnettes et mannequins, masques et poupées —de danseurs et comédiens, chez lesquels elle traque différentes qualités de présence. Son travail est tissé de compagnonnages, notamment avec les écrivains Dennis Cooper et Catherine Robbe-Grillet, les musiciens Peter Rehberg et Stephen O’Malley et l’éclairagiste Patrick Riou. Gisèle Vienne est artiste associée au Théâtre National de Bretagne à Rennes et à Nanterre-Amandiers. Elle y a présenté This is How You Will Disappear et The Ventriloquists Convention en 2015, ainsi que Crowd en 2017.
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