Richard II est une fresque historique, un long poème épique qui nous plonge d’entrée de jeu, au cœur d’une saga familiale aux ramifications complexes, et révéle, au fur et à mesure, l’objet même de son enjeu.
Derrière cette guerre larvée que se livrent Richard et son cousin Bolingbroke pour la couronne d’Angleterre, Shakespeare interroge l’exercice du pouvoir. Vaste question qui nous préoccupe encore aujourd’hui à l’aune d’un monde en mutation. Richard, aussi légitime soit-il, est mal entouré et totalement déconnecté du peuple. Bolingbroke, lui, veut gagner sa légitimité par le peuple. Trahisons, compromissions, corruptions, renoncements, jusqu’où peut-on repousser les limites d’une certaine éthique politique pour asseoir son pouvoir et sa légitimité ?
C’est en cela que Shakespeare nous est toujours nécessaire : il nous oblige à réagir, à réfléchir, à chercher au-delà des apparences ou des évidences ; à aller vers la complexité, à lire entre les trous et les troubles de l’Histoire. L’itinéraire de Richard est induit par l’Histoire, par sa prise de conscience de ses erreurs passées et de ce moment charnière annonciateur d’un cycle historique qui touche à sa fin.
La mise en scène de Christophe Rauck laisse entendre toute la subtilité de cette tragédie. Tout va se jouer dans cette Chambre des Communes où chacun va ferrailler, avancer ses arguments. La tension est palpable, de bout en bout. Richard a une vision prémonitoire. Il sait quelle sera sa chute.
Il ne renoncera pas à la couronne par faiblesse. De cette abdication, il va en faire une œuvre : c’est là toute la grandeur, et l’ambiguïté, du personnage.
Christophe Rauck crée sa compagnie en 1995 issus du Théâtre du Soleil. De 2003 à 2005, il est directeur du Théâtre du Peuple de Bussang, où il crée Le Dragon d’Evgueni Schwartz, La Vie de Galilée de Bertolt Brecht et Le Revizor de Nicolas Gogol. Par la suite, il met en scène au Théâtre des Abesses Getting Attention de Martin Crimp, et L’Araignée de l’Éternel d’après des textes de Claude Nougaro, Le Mariage de Figaro de Beaumarchais à la Comédie-Française avant de diriger le TGP-centre dramatique national de Saint-Denis de 2008 à 2013. Il y créera Cœur ardentd’Alexandre Ostrovski, Têtes rondes et têtes pointues de Bertolt Brecht, Cassé de Rémi De Vos et Les Serments indiscrets de Marivaux (Grand prix du Syndicat de la critique). Pendant cette période, il monte également Phèdre de Racine et deux opéras de Monteverdi. En 2014, il est nommé directeur du Théâtre du Nord et de l’école rattachée, l’École du Nord, à Lille. Il met en scène trois textes de Rémi De Vos (Toute ma vie j’ai fait des choses que je ne savais pas faire, Ben oui mais enfin bon et Départ volontaire), Figaro divorce d’Odön von Horvath (Prix Georges-Lerminier du Syndicat de la critique : meilleur spectacle créé en province), Comme il vous plaira de Shakespeare et récemment, deux textes de Sara Stridsberg :La Faculté des rêves et Dissection d’une chute de neige. En 2017, il crée à Moscou Amphitryon de Molière, avec huit anciens disciples de Piotr Fomenko. Invité au Festival d’Avignon 2018 avec les jeunes acteurs sortant de la promotion 5 de l’École du Nord, Christophe Rauck y présente Le Pays lointain (Un arrangement)</em de Jean-Luc Lagarce. Depuis janvier 2021, Christophe Rauck dirige le Théâtre Nanterre-Amandiers, centre dramatique national.
28 May 2022
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