« Le champagne, c’est un peu mon bleu de travail », affirme l’un des protagonistes de ce spectacle très librement inspiré de Parade, célèbre chorégraphie de Léonide Massine pour les Ballets russes d’après un livret de Jean Cocteau, rideau de scène signé Pablo Picasso et musique d’Erik Satie. Loin de reproduire ce ballet créé en 1917, Marco Berrettini en renverse l’argument, installant les huit danseurs dans l’espace d’une soirée de gala vue depuis les coulisses.
Cette situation paradoxale, pour ne pas dire inconfortable, dans laquelle sont placés les interprètes est pour le chorégraphe un moyen de jouer avec les codes du glamour et de la célébrité, dans une société où le spectacle est désormais partout. En ce sens, No Paraderan, recréé aujourd’hui seize ans après les premières représentations en 2004, est d’abord une pièce emblématique et subversive sur le désir et la frustration, une mise en abîme vertigineuse des notions d’art et de spectacle, menée de bout en bout avec un humour d’autant plus dévastateur que rôde le spectre de la banalité.
Sur scène, il y a Scott, Bret, Candy, Pearl, Chess, Tiffany, Santiago, Nina, héros qui, comme indiqué dans le titre de cette pièce, « ne paraderont pas ». Merveilleusement campés, avec toutes leurs particularités comiques et leurs différences, par les danseurs de la compagnie *MELK PROD, ils pourraient sortir de quelque émission de téléréalité ou, au contraire, postuler pour y être enfin engagés, tant leur statut semble improbable. Baignant dans un kitsch vaporeux, le spectacle convoque ainsi une atmosphère, entre mélancolie douce et légère ivresse, qui ne déparerait pas chez Federico Fellini.
Né en 1963 en Allemagne, le chorégraphe et danseur italien Marco Berrettini se fait remarquer dès 1978 en gagnant le championnat allemand de danse disco. Très vite, il chorégraphie des soirées de gala avec une troupe d’amateurs en adaptant des extraits de comédies musicales américaines. Afin de perfectionner sa formation de danseur, il suit l’enseignement, entre autres, de Hans Züllig et Pina Bausch. Une fois formé, il essaie sans succès de monter sa propre compagnie de danse à Wiesbaden. Pendant deux ans, il étudie l’ethnologie européenne, l’anthropologie culturelle et les sciences théâtrales à l’université de Francfort. En 1986, il fonde sa compagnie Tanzplantation, rebaptisée par la suite *MELK PROD. En 1999, il crée à Hambourg MULTI(S)ME. Avec Sturmwetter prépare l’an d’Emil, il gagne le prix ZKB du Theater Spektakel de Zurich. En 2004, la première de No Paraderan à Paris fait scandale. En 2009, il monte iFeel inspiré du livre, Colère et Temps, du philosophe Peter Sloterdijk, suivi de iFeel2 (2012), iFeel3 (2016) et iFeel4 (2017). En 2018, il crée My Soul is my Visa. En 2019, il reprend Sorry, do the Tour. Again!
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