Un garçon se sent mal aimé par sa mère. Il va simuler un suicide pour tester le degré d’amour maternel. Un geste redoutable. Un geste de provocation ? Ce court texte de jeunesse de l’écrivain suisse Robert Walser évoque le doute, le trouble, le désir, les rapports incestueux. Gisèle Vienne s’en empare pour sculpter les failles des émotions humaines d’où jaillissent les sentiments contraires.
Toujours sur le fil, Gisèle Vienne est une artiste qui n’hésite pas à s’affranchir des frontières, du genre et des modes. Avec L’Étang, c’est dans l’univers de Robert Walser, écrivain à l’écriture introspective où l’infiniment petit provoque des secousses telluriques à peine perceptibles, qu’elle nous conduit. Chez l’auteur suisse, la famille est perçue comme l’école de la domination, de l’aliénation, triste reflet de la société néolibérale où nous sommes désormais. Walser ne s’y résout pas. Son écriture consiste à détourner cette loi, à la pervertir, en retournant les jeux de pouvoir. Pour Gisèle Vienne, l’un des enjeux majeurs de son travail est le questionnement sur la violence de la construction culturelle du corps. Laisser la parole au corps, aux émotions, penser le corps comme un élément subversif, rebelle à l’autorité. L’adolescence est le temps, l’endroit de ce combat contre les injonctions sociales. Les corps, qu’ils soient meurtris ou soumis, éprouvent cette capacité à se libérer, à exister pour ce qu’ils sont. Spectacle conçu pour deux actrices, Adèle Haenel et Henrietta Wallberg, L’Étang exacerbe les passions, les émotions à travers des jeux de voix, de corps et de lumière. Ici, les enfants nous regardent.
[ÉMISSION DE RADIO] – À écouter
Affaires culturelles sur France Culture
Gisèle Vienne au micro d’Arnaud Laporte : « Les communautés des dominés génèrent des pensées passionnantes et des arts puissants. »
[ENTRETIEN] – À voir
La culture dans ARTE Journal
« L’Étang, théâtre des l’hallucinations. » (mini-reportage)
[LA PRESSE EN PARLE] – À lire
« L’Étang est une oeuvre totale, chorégraphique, plastique et théâtrale. » Toute La Culture
« Plus que simple metteure en scène, Gisèle Vienne agit à la fois comme un chef d’orchestre, un ingénieur des sons et lumière, un peintre abstrait qui travaille les contrastes et les alliances contre nature. » Le Club de Mediapart
Les œuvres de Gisèle Vienne condensent des désirs antagonistes, dans une recherche radicale de la beauté, prise entre idéal de perfection et fantasmes de destruction. Chorégraphe et marionnettiste, metteuse en scène et plasticienne, elle élabore des visions dérangeantes qui s’abîment dans une fascination pour ce qui, dans la mort, brûle de vie. Formée à la musique, la philosophie et à l’École supérieure nationale des arts de la marionnette, elle peuple son œuvre protéiforme de figures anthropomorphes – marionnettes et mannequins, masques et poupées — de danseurs et comédiens, chez lesquels elle traque différentes qualités de présence. Son travail est tissé de compagnonnages, notamment avec les écrivains Dennis Cooper et Catherine Robbe-Grillet, les musiciens Peter Rehberg et Stephen O’Malley et l’éclairagiste Patrick Riou. Gisèle Vienne est artiste associée au Théâtre national de Bretagne à Rennes et à Nanterre-Amandiers. Elle y a présenté This is How You Will Disappear et The Ventriloquists Convention en 2015, ainsi que Crowd en 2017 et 2019.
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