Longtemps inédite, L’Étang est une pièce de théâtre écrite par Robert Walser en dialecte suisse-allemand pour sa soeur Fanny, dont celle-ci n’a révélé l’existence que peu de temps avant sa mort en 1972. Il s’agit donc d’un texte privé, avec huit scènes, des personnages, des dialogues, des espaces qui semblent très concrets.
Cette pièce de théâtre, qui n’en est peut-être pas une, malgré cette forme, apparaît comme un désir de dialogues et de paroles. Au centre du drame, il y a le tourment d’un enfant qui se sent mal aimé de sa mère et, au comble de son désespoir, fait croire à son suicide dans un étang. Alors qu’il redoute une punition sévère de retour à la maison, c’est au contraire un dialogue trouble et amoureux qui s’instaure avec sa mère. La comédienne Ruth Vega Fernandez joue la mère et celle du voisin, tandis qu’Adèle Haenel interprète cet enfant et les voix des autres enfants et adolescents du village, représentés par quinze poupées de taille humaine.
L’ordre, les règles, leur respect et leur transgression, semblent être une préoccupation centrale et un plaisir jubilatoire dans l’œuvre de Walser. À travers cette mise en scène, Gisèle Vienne joue à des jeux similaires et partage ces mêmes plaisirs. Le spectacle prend alors la forme d’un univers où se superposent des rythmes et des temporalités parfois contradictoires. Ces multiples jeux de mise en abîme du sens et du temps perturbent l’organisation apparente de la pièce, suggérant en sous-main un chaos autrement troublant.
Hugues Le Tanneur
Les œuvres de Gisèle Vienne condensent des désirs antagonistes, dans une recherche radicale de la beauté, prise entre idéal de perfection et fantasmes de destruction. Chorégraphe et marionnettiste, metteuse en scène et plasticienne, elle élabore des visions dérangeantes qui s’abîment dans une fascination pour ce qui, dans la mort, brûle de vie. Formée à la musique, la philosophie et à l’École supérieure nationale des arts de la marionnette, elle peuple son œuvre protéiforme de figures anthropomorphes – marionnettes et mannequins, masques et poupées — de danseurs et comédiens, chez lesquels elle traque différentes qualités de présence. Son travail est tissé de compagnonnages, notamment avec les écrivains Dennis Cooper et Catherine Robbe-Grillet, les musiciens Peter Rehberg et Stephen O’Malley et l’éclairagiste Patrick Riou. Gisèle Vienne est artiste associée au Théâtre national de Bretagne à Rennes et à Nanterre-Amandiers. Elle y a présenté This is How You Will Disappear et The Ventriloquists Convention en 2015, ainsi que Crowd en 2017 et 2019.
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