L’un est un chorégraphe, danseur et chanteur à la croisée des écritures contemporaines. L’autre, pionnier du butô, est le créateur de l’historique compagnie Dairakudakan. Issus de cultures et d’esthétiques aux antipodes, François Chaignaud et Akaji Maro partagent un même désir d’expérimentation et de partage.
À la faveur d’une première rencontre en 2013, ils ont progressivement mûri le projet d’un duo singulier, conçu comme un point de fusion entre leurs univers respectifs. La symbiose, aussi bizarre qu’exquise, s’incarne dans la confrontation physique des deux artistes. Entre le corps du performeur spécialiste ès métamorphoses et celui du septuagénaire prince du grotesque, les différences d’âge, de style et d’apparence se fondent dans une unité indivisible, au-delà du beau et du laid, du sacré et du profane. Leur rapprochement charnel donne aissance à « une danse abstraite et amoureuse, modeste et excessive », dont la puissance vitale abolit la question du genre.
La richesse de leur création se nourrit d’un enchâssement d’emprunts, d’échanges et de transmissions, où la figure et les écrits d’Antonin Artaud, à l’influence considérable sur la scène butô japonaise, sont une source d’inspiration commune. Portrait en miroir de deux artistes « si loin, si proches », GOLD SHOWER convie le public à une célébration extravagante. Ce rituel incandescent est présenté hors les murs du théâtre, à la Maison de la musique de Nanterre.
Isabelle Calabre
Diplômé en 2003 du CNSM, François Chaignaud collabore avec plusieurs chorégraphes dont Boris Charmatz, Emmanuelle Huynh et Alain Buffard. Depuis He’s One That Goes to Sea for Nothing but to Make Him Sick (2004) jusqu’à Думи мої (2013), il crée des performances dans lesquelles s’articulent danses et chants puisant aux références les plus diverses, de la littérature érotique aux arts sacrés. Également historien, il a publié L’Affaire Berger-Levrault : le féminisme à l’épreuve (1898-1905). Cette curiosité historique le conduit à initier des collaborations diverses, notamment avec Marie Caroline Hominal et Théo Mercier. Depuis 2005, il collabore avec Cecilia Bengolea avec laquelle il crée une dizaine de pièces, au sein de la compagnie Vlovajob Pru. En 2017, il crée, avec Nino Lainé, Romances inciertos, un autre Orlando, spectacle autour des motifs de l’ambiguïté de genre, présenté lors de la 72e édition du festival d’Avignon. Son dernier spectacle, Symphonia Harmoniæ Cælesitum Revelationum (2019), créé avec Marie-Pierre Brébant, est une recherche autour du répertoire d’Hildegarde de Bingen.
Akaji Maro est né en 1943 au Japon. En 1965, sous l’influence du pionnier du butô, Tatsumi Hijikata, il co-fonde la première compagnie de théâtre. Grâce à son approche personnelle et spectaculaire du jeu d’acteur, Maro inspire de nombreux artistes performeurs des années 1960 et 1970. En 1972, Maro fonde sa propre compagnie, Dairakudakan. Il amène alors sa technique performative spectaculaire au cœur des pièces de danse butô et se produit dans des festivals de danse en France et aux États-Unis. Grâce à sa méthode où chaque individu doit être capable d’exprimer et créer son propre vocabulaire de mouvements, Maro inspire de nombreux artistes de butô célèbres comme Ushio Amagastu ou Carlotta Ikeda. Acteur, danseur, réalisateur et chorégraphe, Maro a aussi été à l’affiche de plusieurs films comme Kikujiro de Takeshi Kitano, Room de Shion Sono ou Kill Bill de Quentin Tarantino. Depuis 2007, sa compagnie est régulièrement invitée à la Maison de la culture du Japon à Paris.
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