Farm Fatale

Créé en 2019 aux Kammerspiele de Munich puis à Nanterre-Amandiers, et joué depuis à l’international, Farm Fatale revient à Paris, invité par le Centre Pompidou. Aux frontières de l’humain et de la marionnette, du paysan et de l’épouvantail, les cinq personnages imaginés par Philippe Quesne apparaissent et se posent sur fond d’une toile blanche immaculée. La pièce plonge alors le spectateur dans un univers où tout évoque la ferme : des bottes de paille, le chant du coq, le pépiement des oiseaux, des fourches et autres ustensiles agricoles.

Sauf que de ce monde, les êtres humains ont disparu, victimes de la pollution. Ne subsiste qu’un petit groupe d’épouvantails poètes qui anime une radio indépendante, chante, joue de la musique, invente des slogans et se laisse aller parfois à la philosophie. Masqués, les voix déformées, ces clowns contemplatifs à l’écoute des pulsations de la planète ne nous sont peut-être pas si étrangers. Car ces hommes et femmes qui aspirent à un monde meilleur sont avant tout de doux rêveurs, des poètes, des militants, dont la capacité d’étonnement devant la beauté et la diversité de la nature est charmante et communicative.

Vivant à hauteur de plantes ou d’animaux, ces drôles de héros tentent malgré tout d’échapper au capitalisme déchaîné qui détruit les forêts, les terres, les océans. Ils prennent leur temps, incarnant, selon les mots de Philippe Quesne, « un théâtre de la décélération post-apocalyptique ».