Par définition, l’infini, c’est ce qui n’a pas de limites. Selon l’humeur ou l’état d’esprit, cela semble vertigineux, voire angoissant, ou au contraire une formidable ouverture vers un possible inépuisable.
Deux livres ont, en particulier, suscité chez Boris Charmatz le désir de créer ce spectacle autour de la notion d’infini. Le premier, c’est Histoire mondiale de la France, écrit par un collectif d’historiens coordonnés par Patrick Boucheron. Le second, c’est Tout et plus encore, essai dans lequel David Foster Wallace entreprend une histoire de la notion d’infini à travers les penseurs, les philosophes, les mathématiciens qui ont étudié la question. Reste à savoir comment on passe d’une réflexion sur l’infini à l’application de cette notion, aussi fascinante que déstabilisante, à une pièce chorégraphique.
Autrement dit, comment s’incarne l’infini, que ce soit dans l’espace du plateau ou en plein air ? Comment l’infini traverse-t-il les corps des interprètes ? Depuis des siècles, les danseurs comptent jusqu’à quatre, six ou huit. Ils peuvent même compter de façon plus complexe avec des nombres qui se combinent. Que se passerait-il s’ils comptaient « à l’infini », comme on s’endort ? Ou avec des combinatoires intégrant des dates arbitraires de l’Histoire de France ? Ou encore en intégrant l’infinitésimal ? Autant de défis qui renvoient à l’irréductible, indénombrable et d’autant plus passionnant infini de notre réalité humaine.
Danseur, chorégraphe et directeur de Terrain, Boris Charmatz soumet la danse à des contraintes formelles qui redéfinissent le champ de ses possibilités. La scène lui sert de brouillon où jeter concepts et concentrés organiques, afin d’observer les réactions chimiques, les intensités et les tensions naissant de leur rencontre. D’Aatt enen tionon (1996) à 10000 gestes (2017), il a signé une série de pièces qui ont fait date, en parallèle de ses activités d’interprète et d’improvisateur. Il cosigne les livres Entretenir/à propos d’une danse contemporaine avec Isabelle Launay, Emails 2009–2010 avec Jérôme Bel, et signe Je suis une école. En 2017, le MoMA (Museum of Modern Art, New York) publie la monographie Boris Charmatz, dirigée par Ana Janevski. Boris Charmatz a été directeur du Musée de la danse/Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne de 2008 à 2018. Il a également été artiste associé de l’édition 2011 du Festival d’Avignon et de la Volksbühne Berlin pour la saison 2017-2018. À Nanterre-Amandiers, il a présenté enfant en 2014 et 10000 gestes en 2019. À compter de janvier 2019, sur invitation du Phénix, scène nationale de Valenciennes, de l’Opéra de Lille et de la Maison de la culture d’Amiens, Boris Charmatz développe ses activités au sein de Terrain, structure implantée dans les Hauts-de-France.
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