Chaque projet de la chorégraphe Meg Stuart cherche à créer les conditions d’une expérience perceptive radicale. Après Celestial Sorrow, dérive imaginaire entraînée par des voix, CASCADE invente un territoire transitoire : entraîné dans une série d’effets domino, un collectif fragile cherche à résister à l’entropie qui gagne les corps et l’espace. Des courses, des chutes qui se succèdent en cascade ; des enchaînements de corps qui perdent leurs repères, tentent de retrouver l’équilibre, de règles qui vacillent, de principes qui se transforment et s’interrompent… Pour cette création, réalisée en collaboration avec sept performeurs, Meg Stuart est partie d’un ensemble de forces physiques visant à décupler l’intensité circulant sur le plateau.
À la manière d’une comète fonçant vers la réalité quotidienne, les repères se dérèglent progressivement : l’organisation spatiale et temporelle ne cesse de changer en cours d’action, obligeant le groupe de danseurs et de comédiens à s’adapter, à inventer des circuits alternatifs — d’autres modes de relation et de déplacement. Soumis à des conditions physiques changeantes — à la fatigue, à la répétition, au dépassement des limites — ils tentent de synchroniser leurs rythmes, de fabriquer des îlots temporels à l’abri du chaos.
Entre genèse et fin du monde, l’environnement créé par Philippe Quesne décuple la perception de cette zone au sens vacillant. Concert physique accompagné par les rythmes du musicien Brendan Dougherty, ou méditation sur le temps, CASCADE appuie sur la touche reset, et réinitialise les coordonnées d’une réalité instable — à la recherche d’autres modes d’interaction et d’organisation collective.
Gilles Amalvi pour le Festival d’Automne à Paris
Dans Hunter (2014), son dernier solo, Meg Stuart livre quelques éléments biographiques : née à la Nouvelle-Orléans, elle monte très vite sur les planches dans les productions de ses parents, metteurs en scène. Après des études de danse à New York, elle entame sa carrière avec Disfigure Study (1991), pièce annonciatrice de toute son œuvre, qui s’intéresse au corps en tant qu’entité physique instable, multiple, dont les membres sont à même d’engager de nouvelles connexions. Créée en 1994, sa compagnie Damaged Goods est une structure ouverte qui favorise les collaborations avec des artistes de différents horizons. De Highway 101 (2000), pièce itinérante qui entraîne les spectateurs dans les entrailles de différents musées, à des expériences collectives (Sketches/Notebook, 2013), des projets d’improvisation (City Lights – a continuous gathering, 2016), ou l’installation performative Celestial Sorrow (2018), l’œuvre mouvante de Meg Stuart réinvente les territoires de la danse. À Nanterre-Amandiers, elle a présenté en 2017, UNTIL OUR HEARTS STOP et Built to Last en 2019.
Meg Stuart a reçu divers prix pour son œuvre et sa pratique. En 2018, La Biennale di Venezia lui a décerné le Lion d’Or de Lifetime Achievement dans la catégorie Danse.
Meg Stuart/Damaged Goods prolonge une collaboration suivie avec le Kaaitheater, Bruxelles et HAU Hebbel am Ufer, Berlin.
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