William, gamer presque professionnel, découvre le Random Access Memories. Ce jeu vidéo d’un genre nouveau, conduit par une Intelligence Artificielle, s’appuie sur les choix et les désirs du joueur. A chaque décision – irréversible – le gameplay se reconfigure et plonge William dans des situations de plus en plus violentes. Peu à peu il s’isole, enfermé dans sa chambre et dans la virtualité du jeu. À mesure que le jeu s’immisce dans sa vie affective et quotidienne, les frontières entre espaces numériques et réalité s’estompent, jusqu’à la catastrophe.
La pièce d’Emmanuelle Destremau interroge le rapport au virtuel à travers la pratique du jeu vidéo : réel et virtuel se confondent et agissent l’un sur l’autre. La mise en scène donne à la vidéo un rôle central : l’écran devient le cœur du dispositif scénique, matérialisant ce jeu déconcertant. Les personnages du jeu envahissent l’intimité de William : sa chambre, sa tête, son être. Jusqu’à ce que la virtualité devienne sa seule réalité.
Mais le jeu auquel joue William, c’est aussi celui du théâtre lui-même. Alors que la fiction RAM déborde sur sa vie, le jeu quitte l’écran et le théâtre s’impose. Dans ce fascinant jeu de miroirs, jeu vidéo et théâtre se rejoignent créant, chacun à leur manière, une réalité alternative.