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Avec les quatorze interprètes-danseur.se.s de la compagnie norvégienne Carte Blanche, la chorégraphe Eszter Salamon poursuit sa série des « monuments », remémoration de l’histoire et invitation à en écrire d’autres. Dans The Living Monument, les figures qui habitent les lieux bâtissent des paysages monochromes où le temps se distend, où la couleur devient une force physique.
Il y a des idées que nous gardons longtemps avec nous et des questions sans réponse immédiate. Depuis près de dix ans, Eszter Salamon s’est engagée dans une recherche au long cours qui creuse la monumentalité, fouille dans l’histoire et la mémoire, pratique leur réinvention. A la même période environ, au Brésil, la chorégraphe a vu poindre un désir : bâtir des paysages et les habiter. Avec cette création pour la compagnie norvégienne Carte Blanche, il se matérialise. MONUMENT 0.10: The Living Monument est conduit par un principe qui peut sembler abstrait, mais qui se révèle éminemment physique : la couleur. Vêtues de cuir crissant ou tissus scintillants, quatorze créatures forment et déforment des figures, transforment leurs voix et leur environnement compose de matières contrastées et objets glanes. La scène tout entière transite d’un monochrome a l’autre, du noir au blanc, du bleu nuit a l’orange incandescent. Le temps alors se ralentit, nous tire dans une grandiose nature morte qui n’a rien de fatal.
Texte de Léa Poiré pour le Festival d’Automne à Paris 2023.
Le travail de l’artiste hongroise Eszter Salamon explore le champ chorégraphique en l’étirant vers d’autres formes artistiques. Ses premières pièces (What a Body You Have Honey et Reproduction), marquées autant par une démarche conceptuelle que par un travail sensoriel, soulèvent des questions liées au genre et à sa représentation sur scène. Altérés par des postiches, transformés, les corps mis en scène sont tantôt incarnés dans leurs spécificités physiques (Mélodrame), tantôt dématérialisés et rendus sensibles par une présence sonore (TALES OF THE BODILESS).Sa volonté de déchirer le voile de silence qui drape généralement le corps du danseur l’a conduite à développer un travail documentaire où la parole fait émerger des biographies singulières. Présentées aussi bien dans des festivals que dans des espaces d’exposition, ses œuvres parviennent à réaliser une fusion inédite de l’esprit et du corps. MONUMENT 0 : Hanté par la guerre (1913 – 2013), premier volet de la série Monuments, ainsi que MONUMENT 0.6 : HÉTÉROCHRONIE / Palermo 1599 – 1920 ont été présentés au Théâtre Nanterre-Amandiers en 2016 et 2021.
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