C’est un texte qui a été prononcé par Michel Foucault au Collège de France le 2 décembre 1970, dont il ne reste aucune trace sonore ou filmée. On dira, bien sûr, que l’essentiel a été sauvegardé puisque cette leçon inaugurale a été publiée sous le titre L’Ordre du discours. Partant du vide causé par l’absence de la voix et du corps de celui qui énonce ces mots, la metteuse en scène Fanny de Chaillé replonge dans ce texte en se demandant comment s’incarne une pensée.
En dépit de sa forme ramassée, L’Ordre du discours occupe une place centrale dans l’œuvre du philosophe. D’emblée, Foucault évoque sa gêne à s’exposer face à un public en faisant, en quelque sorte, irruption dans le discours. «Plutôt que de prendre la parole, j’aurais voulu être enveloppé par elle (…) j’aurais aimé m’apercevoir qu’au moment de parler une voix sans nom me précédait depuis longtemps.» Pourtant destiné à l’expression orale, ce «discours», où il est beaucoup question de langue et de parole, a été conçu pour s’adresser à un auditoire.
C’est cette dimension d’une parole en acte —avec son contexte spécifique, ses choix d’interventions— que Fanny de Chaillé interroge. L’enjeu de cette mise en scène est de donner à voir et à entendre en quoi le discours a une réalité matérielle; en quoi il est une activité qui implique des pouvoirs et des dangers; en quoi il est le lieu de luttes, de dominations, de servitudes. En quoi il est une inquiétude.
ATTENTION : ce spectacle a lieu à l’Université Paris Nanterre (RER Nanterre-Université, voir plan d’accès)
Après des études universitaires d’esthétique à la Sorbonne, Fanny de Chaillé travaille avec des chorégraphes et des plasticiens comme Daniel Larrieu, Rachid Ouramdane, Thomas Hirschhorn ou Pierre Huyghe, et joue sous la direction de Gwenaël Morin. Depuis 1995, elle crée ses propres installations et performances tout en s’orientant vers le théâtre avec les pièces Underwear, pour une politique du défilé (2003) ou Gonzo Conférence et À nous deux (2007). Elle monte avec Grégoire Monsaingeon le duo musical, Les Velourses, au sein duquel ils conçoivent Mmeellooddyy Nneellssoonn dans le cadre de la série «albums» au théâtre de la Cité internationale à Paris, où elle est artiste associée pendant trois ans. En 2011, elle crée Je suis un metteur en scène japonais d’après Minetti de Thomas Bernhard et Passage à l’acte cosigné avec le plasticien Philippe Ramette. Ses pièces Le Groupe (2014), d’après Hugo von Hofmannsthal, et Chut (2015), un hommage à Buster Keaton, ont été créées à l’Espace Malraux, scène nationale de Chambéry et de la Savoie, où elle est artiste associée. Sa collaboration avec l’auteur Pierre Alferi commence avec Coloc (2012), puis le duo Répète (2014), et continue avec Les Grands (2017) où elle interroge le statut d’adulte.
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