SPECTACLE REPORTÉ EN 2020-2021
Après ses relectures de grands classiques (Molière, Shakespeare, Sophocle, Racine…), Gwenaël Morin s’empare du Théâtre et son double d’Antonin Artaud en se donnant comme point de départ le manifeste du « théâtre de la cruauté ». Sous une immense bulle blanche dans laquelle sont installés comédiens et spectateurs, le metteur en scène interroge son expérience à la lumière des théories d’Artaud jusqu’à détruire son propre travail, à la recherche d’un autre théâtre sous les ruines.
Comment relire Artaud sans vouloir le relier ? Comment le reprendre sans chercher à le comprendre, à l’intégrer, à le faire rentrer dans des cases qu’il n’a cessé de faire exploser ? Comment le rejouer sans prétendre le retrouver ? Une piste de réponse se trouve peut-être dans le titre de l’ouvrage qui a servi ici de point de départ à Gwenaël Morin : « le théâtre et son double ». Ou … le théâtre est son double… Redoubler. Rejouer mais rejouer vraiment : comme si on réinventait le jeu chaque fois, comme si aucune règle ne précédait ou comme si la règle dépendait à chaque fois de chacun des membres composant la petite communauté théâtrale que Morin a rassemblée ici et qui tente d’abord de se relier. Non pas « relier » l’auteur, recoudre ses parties éclatées mais se relier, chacun et ensemble, à la croyance folle d’Artaud dans le théâtre. Relier, religere, religion. Inventer la religion qui, cette fois, n’aura pas pour Dieu l’Artaud mystifié que l’on a tant vu représenté ; la religion qui, d’ailleurs, n’a pas de dieu et qui a ramené l’extrême de la transcendance dans la ritualisation à outrance. Il faut rejouer le rituel, relier entre eux différents textes d’Artaud en suivant, non pas une règle, mais un principe actif, un principe acteur : faire théâtre. Faire théâtre vraiment. Ce théâtre n’a jamais existé, il n’existe que sur fond de vide, il repose sur la possibilité du vide. Il est un théâtre dont le double est la vie, dont le double est la mort, il est un théâtre de la cruauté.
Gwenaël Morin suit une formation d’architecte au cours de laquelle il fait du théâtre universitaire. À l’issue de ses études, il devient assistant de Michel Raskine pendant trois ans (1996–1999) et monte ses premiers spectacles: Débite ! (allez vas‑y) d’après Fin août d’Arthur Adamov et Pareil pas pareil avec des dialogues d’amour extraits de films de Jean‑Luc Godard. Il a mis en scène des textes de Strindberg, García Lorca ou Camus et fait un montage filmique de la pièce de Sarah Kane, Anéantis. En 2009, il s’installe aux Laboratoires d’Aubervilliers où il initie, avec Julian Eggerickx, Barbara Jung et Grégoire Monsaingeon l’expérience du Théâtre permanent, basé sur trois principes : jouer tous les soirs, répéter tous les jours, transmettre en continu. Pendant un an, il travaille le répertoire avec des pièces dont le titre est le nom du personnage principal : Lorenzaccio, Woyzeck, Bérénice, etc. De 2013 à 2018, il dirige le Théâtre du Point du jour à Lyon où il poursuit le Théâtre permanent. Ses spectacles Les Molière de Vitez, Les Tragédies de Sophocle (2016) et Re‑Paradise (2018) ont été présentés à Nanterre‑Amandiers.
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