« Je veux adapter Conan le Barbare au théâtre, Mais uniquement avec des femmes… Plusieurs générations de femmes qui se tuent, se trahissent, baisent, s’embrassent, s’embrasent et s’aiment dans un monde qui court à sa perte… » – Voici en quelques mots tranchants comme une épée que le cinéaste Bertrand Mandico annonce revisiter le mythe du guerrier ultra-viriliste Conan le Barbare, apparu pour la première fois dans les années 1930 sous la plume de Robert E. Howard.
Si Bertrand Mandico, l’auteur des Garçons sauvages et Ultra Pulpe, s’empare de cette figure destructrice de l’heroic fantasy, il entend livrer sa contre-utopie dans l’écrin d’un cirque-enfer de roches constellé d’éclats de larmes et de sang. Sous les yeux d’une metteuse en scène qui tente d’adapter le mythe de Conan pendant qu’un chien des Enfers lui souffle à l’oreille de fallacieuses promesses, les femmes Barbares rivalisent de pactes et de trahisons. Bertrand Mandico va décliner son projet en quatre formes – un moyen métrage expérimental, un spectacle/film, un long métrage et un film en réalité virtuelle – s’approchant autant des rives de la fantasy distordue que du mélodrame pur, en somme une épopée pop trash qui semble nous présenter en miroir la violence qui gronde en nous comme de celle qui menace à chaque instant de régir notre société.
Conan la Barbare fait également état d’un cinéma qui se fabrique sur scène et de ses combattant.e.s qui n’hésitent pas à tirer leur épée du fourreau afin de faire trembler les édifices les plus convenus.
Jérémy Piette
Bertrand Mandico est diplômé de l’école de cinéma d’animation des Gobelins. Après quelques films d’animation aux atmosphères organiques et surréalistes comme Le Cavalier bleu, il se dirige vers la prise de vue réelle pour des films de commande où il développe un univers insolite puis pour ses courts-métrages de fiction aux univers radicaux. Il réalise de nombreux films multi-formats, dont Boro in the box. Ses dernières créations filmiques font l’objet d’expositions et d’installations. Il tourne en 2017 le long-métrage Les Garçons sauvages; ce film récompensé dans de nombreux festivals est considéré comme une œuvre emblématique. Il enchaîne avec le moyen-métrage de science-fiction Ultra Pulpe. Depuis 2011, il crée avec l’actrice Elina Löwensohn une série de films courts, 20+1 projections, kaléidoscope cinématographique la mettant en scène sous forme de films, vidéos, photographies et performances. Son travail a été primé dans plusieurs festivals de cinéma comme ceux d’Annecy, Brive, Cannes ou Venise. En 2018, il obtient le prix Louis Delluc du premier film pour Les Garçons sauvages.
photo : Marie Losier